Mystérieuse sur ses origines. Probablement d’Amérique centrale ou
du sud, sa présence au Pérou remonterait 8000 ans avant notre ère. Ramenée en
Europe semble-t-il par Christophe Colomb, elle était déjà cultivée en Amérique tropicale
et en Polynésie, mais aussi en Asie et en Afrique. En France sa culture débute
vers 1750.
Bien qu’elle ne lui ressemble pas vraiment, elle est
régulièrement confondue avec la pomme de terre, c’est pourquoi cette dernière
s’est vue affublée du surnom de « patate ».
Pourtant,
elles ne sont pas de la même famille, car en fait, la Patate douce est une
ipomée (Ipomoea batatas), cousine des ipomées décoratives (appelées aussi
liseron) et comme toutes les ipomées, elle forme une liane très volubile. Ses
nombreuses et longues tiges, couvertes par un feuillage dense rampent ou
grimpent facilement. La forme des feuilles est simple, lobée ou cordiforme
(forme de cœur) de couleur verte mais parfois rouge foncé.
Les
fleurs en forme d’entonnoir, de couleur blanche au cœur pourpre pâle
s’épanouissent tout l’été (rarement dans nos régions).
Culture
en pleine terre : Plutôt réservée aux climats chauds, elle réussit aussi dans
nos régions, mais comme une plante annuelle. Mettez vos tubercules en
végétation dès la fin de l’hiver à la lumière et au chaud (en intérieur, sous
châssis ou en serre, à une température avoisinant les 18/20°C) pour les faire
germer.
A
partir de mi-mai quand les gelées ne sont plus à craindre, tronçonnez le
tubercule en autant de morceaux qu’il y a de pousses ; chaque morceau pouvant
être planté à 40 cm en tous sens (il n’est ainsi pas utile d’avoir beaucoup de
tubercules au départ).
Plantez
en pleine terre, (il peut s’avérer utile de couvrir au départ pour favoriser
l’enracinement) en exposition plein soleil et à l’abri, dans un sol léger,
profond et frais, riche en humus tous les 30/40 cm, sur des rangs espacés de 80
cm. (il leur faut beaucoup de place). Lorsque les tiges sont assez hautes,
buttez les plants. Prévoyez un support de palissage pour soutenir les tiges.
Arrosages
fréquents en début de culture, la patate douce craint la sécheresse, mais pas
de sol détrempé (d’où l’importance d’un sol drainant). Évitez les engrais
azotés qui favoriseront le feuillage au détriment des tubercules, ajoutez-y
plutôt de la potasse.
Culture
en pot : Placez le tubercule dans un grand verre ou un bocal d’eau, maintenue
avec des cures dents comme on le fait pour l’avocat, près d’une fenêtre et à
température ambiante. La patate doit être à demi immergée. Changer l’eau
régulièrement pour qu’elle reste propre.
Soyez
patient, la germination sera très longue (de 1 à plusieurs mois). Lorsque les
pousses atteignent une dizaine de centimètres, plantez le tubercule germé ou
des morceaux dans un pot de terreau d’environ 30 cm de diamètre et placez près
d’une fenêtre. Arrosages réguliers mais pas en excès.
Par
bouturage : Placez le tubercule à l’horizontal dans 10 cm de sable humide
recouvert de 3 à 4 cm de sable. Des bourgeons vont naître à partir des yeux,
dès qu’ils atteignent 10 cm, les détacher délicatement et les repiquer en pot.
Vous obtiendrez une plante ornementale. La patate douce se multiplie aussi par
bouturage en prélevant sur le tubercule les pousses lorsqu’elles atteignent une
dizaine de cm de hauteur.
La patate douce se reproduit également par
marcottage naturel en laissant les tiges courir sur le sol. Généralement, cet
enracinement se fait au niveau d’un nœud, juste sous le point d’accroche d’une
paire de feuilles. Il suffira d’enfoncer cette partie de la tige dans un godet
(en carton ou matière biodégradable de préférence, rempli d’un mélange de
terreau et de terre de jardin, de maintenir le tout en terre à l’aide d’une
pierre ou d’un cavalier et d’arroser pour maintenir une humidité sans excès.
Lorsque
les racines seront suffisamment développées, ce nouveau plant pourra être
séparé de la tige en coupant de part et d’autre. Un rempotage dans un pot plus
grand sera nécessaire et mis à l’abri pour l’hiver.
Maladies
et ravageurs : Très peu sensible aux maladies, cultivée sous serre ou en
intérieur, elle peut être touchée par des acariens qui décoloreront son
feuillage, nécessitant de les doucher.
Récolte
et conservation : Environ 4 à 6 mois (suivant les variétés) après la plantation
et avant les gelées. Lorsque le feuillage commence à jaunir en
septembre/octobre. Couper le feuillage pour faciliter la récolte et ainsi
éviter de blesser les tubercules. Récolte jusqu’en novembre. Après les avoir
arrachées, laissez les patates sécher au soleil quelques heures et brossez la
terre. Elles se conservent comme les pommes de terre dans un endroit frais à
l’abri de l’humidité. Une conservation pour une plantation d’une année sur
l’autre est possible en ayant pris soin de les stocker à l’abri du froid.
En
cuisine : Ce tubercule à la peau fine, tantôt de couleur ocre, orange, rouge ou
violette suivant les variétés a une chair blanche à orangé, juteuse, sucrée et
au goût délicat. Cuisinée en légumes comme accompagnement, en frites, au four,
en purées avec une pomme de terre et d’un peu de crème fraîche, comme en
dessert (tarte), on utilise aussi ses jeunes feuilles comme des épinards.
Dans
certaines régions du monde, la patate douce est un aliment de base au même
titre que la pomme de terre chez nous. C’est un aliment complet, riche en
vitamines, qui a l’avantage de bien se conserver.
Alors,
malgré les conditions climatiques de notre région, pourquoi ne pas essayer sa
culture « à l’abri » ?
Claude
BELLAND.
Publié dans le N° 535 de Janvier-Février-Mars 2021 Retour en haut de page retour page précédente