La lutte contre le chiendent.
Souvent, le chiendent ne paie pas de
mine en surface, surtout sur une pelouse, où la tondeuse le rabat
régulièrement. Mais, en essayant de le déraciner, on découvre un rhizome qui
n’en finit pas et met en péril fleurs et légumes. A l’instar du liseron,
le chiendent, Agropyron repens, cache bien son jeu.
Si on le laisse se développer sur une pelouse, par exemple, il forme une
élégante graminée au port souple, élancé. Avec le risque qu’il prenne vite le
dessus sur les composants les plus fins du gazon... voué à devenir
purement et simplement un carré de chiendent. Au potager et dans les massifs,
c’est aussi une plaie à combattre sans faute. Une mauvaise herbe d’une
agressivité redoutable, un étrangleur de première. Rien ne fait peur au
chiendent. Pas même les sols les plus durs, où il pénètre allégrement. Il
arrive même à s’infiltrer parmi les tubercules ou les racines d’autres
plantes, qu’il condamne donc à plus ou moins long terme. Aussi, c’est une
plante particulièrement dangereuse, et ce dans tous les secteurs du jardin,
aussi bien dans les massifs de fleurs que dans les carrés de légumes, au
pied des arbres fruitiers comme sur le gazon.
Partout il exerce une concurrence
néfaste vis-à-vis des plantes cultivées plus frêles que lui. De longs rhizomes
qui tracent. Cette plante a la particularité de ne pas former de véritables
touffes denses (on dit qu’elle ne talle pas), mais au contraire de tracer
excessivement au fi l de l’extension de ses rhizomes, ce à quoi elle consacre
toute son énergie. De longs rhizomes crème, grêles, ramifiés, à extrémité
pointue, qui rampent longuement dans le sol entre 8 et 15 cm de profondeur. Ne
pas laisser monter à graines. Une chose qui à première vue, paraît évidente,
c’est de jamais laisser le chiendent monter à graines. Même si les épis sont
d’une beauté renversante, ne laissez surtout pas mûrir leurs graines, sous
peine que tout le pourtour de la plante mère ne soit complètement envahi.
Binages et sarclages réguliers. Au potager comme dans les massifs de fleurs,
binez régulièrement la terre tout au long de l’été afin de réduire l’émission
de nouveaux rhizomes. Une solution d’autant plus efficace qu’elle est répétée à
intervalles pas trop longs... tous les 8 / 10 jours au moins, pour ne pas
laisser le moindre répit non seulement aux jeunes semis, mais aussi aux
jeunes plants issus d’éclats de rhizomes. Paillis, le remède miracle. Pour
combattre maintes et maintes mauvaises herbes, le paillis est toujours une
solution naturelle des plus efficaces. Elle donne aussi de bons résultats
avec le chiendent à une seule condition, l’absence de plant âgé sur la parcelle
paillée, ce qui n’est pas toujours évident à vérifier en raison du mode
particulièrement traçant de cette mauvaise herbe. Avant d’épandre un paillis
(20 à 25 cm), commencez donc par bien nettoyer le terrain par des binages et
des bêchages répétés. Ou bien, prenez soin de semer un engrais vert, par
exemple en fi n d’été, qui occupera la place durant l’hiver ; c’est l’idéal pour
couvrir la terre au pied des pommiers âgés. Pour les cas les plus tenaces, ayez
recours à la solution extrême, un fi lm plastique opaque (genre bâche noire à
ensilage), suffisamment épais, que vous laisserez en place le temps qu’il faut,
au moins deux années de suite, voire trois... ! Gare à l’arrachage ! Si vous
vous décidez à enlever à la bêche ou au croc un plant de chiendent
particulièrement gênant, en toute situation, arrosez copieusement avant
d’opérer surtout si la terre est sèche.
Ainsi
extrairez-vous d’autant plus facilement les rhizomes qui prolifèrent surtout à
l’horizontale. Rappelez-vous bien ceci : si vous laissez le moindre bout de
rhizome en terre ou, pire, si en bêchant vous le coupez maladroitement en plusieurs
petits tronçons, chaque éclat formera un nouveau plant ! C’est une des raisons
pour laquelle il ne faut surtout pas essayer de détruire le chiendent avec une
motobineuse (fraise), car le moindre bout de rhizome serait multiplié et prêt à
reprendre de la vigueur. Le chiendent, aurait soi-disant des vertus
irremplaçables pour la santé. Jadis, dans les hôpitaux, il était d’usage de
servir aux malades en toute saison de la tisane de chiendent. Elle était préparée
avec des rhizomes récoltés au printemps ou en automne pour obtenir l’effet
maximal, lavés, séchés au soleil ou au four et coupés en morceaux. Pris en
infusion, le chiendent est diurétique, efficace contre les inflammations urinaires
et les calculs biliaires qu’il dissout. La plante soulage également l’inflammation
des voies digestives, la lithiase biliaire, les coliques néphrétiques et la
cellulite. En usage externe, elle agit contre l’eczéma. Attention : En aucun cas,
le jardinier sarthois n’engage sa responsabilité sur la prise de ces infusions,
c’est un remède de grand’mère, nous n’en connaissons pas les effets. Nous ne
faisons que donner l’information. Un purgatif pour le chien. N’avez-vous jamais
observé votre chien entrain de « brouter » quelques brins d’herbe. Il ne
choisit pas n’importe qu’elle herbe, il sait reconnaître le chiendent. Appelé «
herbe à chien, laitue de chien »... Les noms vernaculaires d’Agropyron repens font référence au chien, qui recherche la
plante pour vomir et se purger.
En dernier
recours « le glyphosate »mais non préconisé par le jardinier sarthois. Si,
malgré les traitements précédents, le chiendent se montre plus fort que tout,
pulvérisez du glyphosate sur toute la plante. Pour assurer une meilleure imprégnation,
ajoutez un peu de lait à la solution. Répétez le traitement un mois après si
besoin est. Procédez toujours par beau temps, si possible pas trop chaud, sans
vent, le matin ou le soir. Évidemment, ce genre de désherbage n’est pas du tout
écologique, mais existe-t-il d’autres produits qui ont la même efficacité... !
Et ben ...si, il existe un moyen très écolo celui-ci : l’huile de coude avec un
croc et en été quand il fait très chaud, le chiendent ne résiste pas.
Un
conseil ne jetez pas le chiendent fraîchement arraché sur le tas de compost où
il ne ferait que proliférer. Brûlez-le.
Bernard
PONTONNIER
Publier dans
le bulletin N° 518 de Janvier 2018